Et si on créait une entreprise…

Montréal était calme, une brise fraiche caressait les jeunes feuilles des érables de la rue St-Jacques. En silence, Valérie marchait à côté de moi. Elle était furieuse. Je venais de lui annoncer que j’annulais notre activité du weekend prochain parce qu’un client me demandait d’intervenir en urgence auprès d’une équipe en conflit.
Nous étions dans les premiers mois de notre relation. Je me sentais coincé et confus. Comment garder ma nouvelle blonde sans perdre mes anciens clients? La marche se poursuivait dans un silence lourd que je n’osais interrompre car mon cerveau – très petit à ce moment là – ne générait que des solutions absurdes et anxiogènes.
Valérie s’arrêta net et se tourna vers moi avec son regard intense. Elle me dit « Je ne me contenterai pas des miettes. ». Plutôt que de me justifier, j’ai baissé les yeux et pris une grande respiration. Toujours sans solution, craignant le pire, j’ai relevé la tête et demandé: « Qu’est-ce que tu proposes? ». Sa réponse, inattendue, brillante, risquée, me coupa le souffle.
« Et si on créait notre propre entreprise? ». Je souris, mon corps, bien avant mon esprit, avait compris que c’était oui. « Quelle idée saugrenue » ai-je dit, « j’accepte ». Nous avons continué de marcher, main dans la main, dans un silence enceint de ce qui deviendrait Spiralis.
— Jean-Philippe