Éditorial

Ceci n’est pas une formation

Par Geneviève Bertrand, le 10 juillet, 2025

Ce n’est pas un stage. Ni une formation.
C’est un choc doux. Une secousse intérieure.
Une reconnexion à ce qui compte.

Il y a des expériences qu’on vit de l’intérieur, profondément, intensément… et qu’on a du mal à raconter sans les appauvrir un peu.

C’est exactement ce que je ressens en revenant de notre retraite intensive de Communication NonViolente (CNV).
J’ai à la fois envie d’en parler à tout le monde — parce que c’était puissant, transformatif, vibrant — et en même temps, j’ai besoin de silence, de lenteur, de digestion. Comme si tout ce que j’ai vécu — personnellement, mais aussi avec le groupe — continuait de vivre en moi, dans un espace encore fragile, en maturation.

Comment parler d’une expérience aussi multiple, à la fois intérieure et collective, concrète et invisible, douce et bouleversante?

C’est ce que je tente ici. Avec la conscience que ce texte ne sera pas un compte rendu. Ni un résumé. Plutôt une tentative de vous faire toucher du doigt ce que cette retraite m’a permis de vivre. Et pourquoi, à mes yeux, cette expérience a une valeur inestimable.

Une retraite née de plusieurs élans

Cette retraite est le fruit de trois élans distincts qui, tranquillement, ont convergé jusqu’à ce qu’une évidence s’impose.

1 – Il y avait d’abord ce rêve, porté depuis longtemps par Valérie, Guillaume et Jean-Philippe. Un rêve de recréer, à leur manière, quelque chose qui s’apparente aux retraites intensives de CNV — que Valérie et Guillaume avaient vécues au tout début de leur parcours, et que Jean-Philippe rêvait d’offrir à son tour. Des espaces suspendus dans le temps, où l’on plonge vraiment. Où la CNV cesse d’être une série de concepts, pour devenir une matière vivante, incarnée, tissée dans chaque geste, chaque silence, chaque interaction.

2 – Et puis, au fil des années, une autre question revenait souvent dans nos échanges: comment aller plus loin que ce qu’on fait déjà ? Comment intégrer, dans nos formations, une conscience plus aiguë de l’impact social auquel invite la CNV ?

Marshall Rosenberg partageait :

« La CNV est un outil de transformation sociale autant qu’une voie de paix intérieure. »1

Cette retraite, c’était aussi ça : un laboratoire vivant pour explorer comment la CNV peut nourrir notre capacité d’agir, ensemble. Pour que la tendresse qu’on développe envers soi-même et les autres ne s’arrête pas aux cercles de pratique ou aux salles de formation, mais irrigue nos choix, nos engagements, nos manières de vivre dans le monde.

3 – Et puis il y a eu un troisième facteur. Plus pragmatique, peut-être, mais tout aussi réel. À l’automne dernier, le contexte mondial — et notamment les élections américaines — a eu un impact inattendu sur nos inscriptions. Un ralentissement temporaire, mais significatif, qui nous a ébranlés financièrement. Comme plusieurs autres PME, il a fallu faire preuve de créativité pour nourrir notre besoin de santé financière. Ce contexte a agi comme un dernier coup de pouce de l’univers — l’élan qu’il nous manquait pour enfin mettre au monde ce projet audacieux.

Assurer la pérennité de notre mission implique aussi de répondre aux besoins de l’organisation. La santé financière fait partie de notre réalité, au même titre que l’alignement, la créativité ou la confiance. Et parfois, les idées qui naissent d’un besoin économique viennent se révéler profondément nourrissantes à d’autres niveaux.

Cinq jours pour se reconnecter à l’essentiel

Cinq jours.
Vingt-neuf participant·e·s.
Six formateur·trice·s.
Une coordonnatrice.
Deux magiciennes de la cuisine.
Un lieu. Plusieurs intentions. Une expérience qui dépasse les chiffres.

Comment raconter ce que nous avons vécu, sans le réduire à une suite d’activités ou à une simple programmation?

Parce qu’en fait, ce qui s’est passé, c’est une rencontre. Avec soi. Avec les autres. Avec ce qui nous anime profondément quand on prend enfin le temps d’écouter.

La poésie de Jean-Philippe a ponctué nos journées avec une justesse bouleversante. Ses mots, tantôt tendres, tantôt puissants, ont donné une voix à ce que plusieurs ressentaient sans pouvoir le dire. Ils ont permis d’atterrir doucement après les prises de conscience, comme un baume ou un écho.

Il y avait le fait de vivre ensemble sans être pressé·e·s. De pouvoir être exactement qui on est, sans avoir à performer, ni à cacher quoi que ce soit. Certain·e·s dormaient dans l’auberge, d’autres dans des cabines extérieures. Il y avait des temps libres, et chacun·e les vivait à sa manière, dans la conscience de ses besoins : une sieste, un détour à la rivière, une balade à vélo, une discussion profonde, un moment de solitude, un appel à un proche.

Et moi, ce que j’ai fait de ce temps-là, c’est… jaser. J’ai parlé. Beaucoup. Longtemps. Avec des gens passionnants, curieux, généreux. J’ai savouré ces conversations qui ne sont pas pressées. Celles qui s’étirent parce qu’il n’y a rien d’autre à faire que d’être là, ensemble. J’ai bu ces moments comme on boit un thé bien chaud, à petites gorgées. Dans la confiance. Dans l’écoute. Dans la joie de rencontrer des personnes dont les valeurs résonnent avec les miennes.

On parle souvent de « vivre ensemble » comme d’un défi. Là, c’était un privilège. Un luxe même : vivre ensemble sans charge mentale, sans rôle à tenir, sans urgence. Juste la connexion. Le partage. Et le souvenir que c’est possible.

Se reconnecter à l’essentiel… peut aussi passer par l’inconfort

Et puis il y a eu cet exercice. Celui où le rythme s’accélère… et où, même avec des années de pratique, les outils foutent le camp. Pouf. Partis.

Je ne me suis pas trouvée impressionnante ce matin-là. Et ça m’a ramenée direct dans mon humilité. La rencontre inattendue des automatismes qui refont surface dès que la pression monte. Même après toutes ces années.

Et tu sais quoi ?

Ça m’a fait du bien.

Cet exercice a fait un doigt d’honneur bien senti à mon ego spirituel.

Celui qui croyait avoir fait le tour de certaines boucles.

Celui qui se pensait pas mal bien positionné dans l’équanimité.

Alors oui, je veux me rappeler de donner de la douceur à ces moments-là.

À moi, aux autres.

Parce que ce monde nous ramène si vite à nos vieux réflexes, à nos dysfonctions familières.

Et que c’est précisément dans ces espaces-là — rugueux, inconfortables, pas photogéniques —

que l’on peut choisir, avec tendresse, de recommencer.

De réessayer.

De se relier.

Parce que c’est aussi ça, la CNV :

Se rappeler qu’on n’est jamais arrivé·e.

Qu’on apprend autant dans l’inspiration… que dans la disgrâce en majuscule.

Ce dont je veux me rappeler

  • Que l’empathie est mon canal, ma ligne directe vers l’amour.
  • De continuer à cultiver l’enchantement — mon arme douce contre le tumulte du monde moderne.
  • De poursuivre mes discussions avec mon ego, et remettre en question ce qu’il protège avec ferveur.
  • Que ce à quoi j’aspire pour le monde, je le porte déjà en moi.
  • De faire confiance à mon intuition, même quand elle dérange les plans.
  • De prendre soin de mon corps, parce qu’il est le vaisseau qui porte ma conscience.

Je dépose tout cela dans ma neuroplasticité. Comme on trace un sentier dans la forêt. Pour que j’arrive à retrouver le chemin quand le quotidien m’écarte de ce qui compte vraiment…

Cette retraite est pour toi si…

Tu veux plus que des outils.
Tu veux ressentir, pas juste comprendre.
Tu veux vivre une parenthèse de lenteur, de vérité, de transformation.
Tu veux incarner la CNV, pas juste l’apprendre.
Tu veux retrouver ta foi en l’humain. Et en toi.

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Une explosion de gratitude

Avant de clore ce texte, j’ai envie de m’arrêter pour dire merci. Pas un merci de politesse. Un merci qui vient du cœur, du ventre, du silence après les larmes, du sourire après les élans.

À Jean-Philippe, pour ta créativité et ta poésie qui font partie intégrante de ton essence et de ton génie, et qui ont amené une tonne de magie.
À Valérie, pour ton audace et ton courage qui nous poussent toujours plus loin, hors de la zone de confort, dans cet espace propice à la prise de conscience et à la transformation.
À Guillaume, pour ta façon d’amener la CNV de manière si accessible, pour la douceur avec laquelle tu nous donnes la permission d’essayer des choses nouvelles, inattendues, complètement « flyées ».
À Léna, Monica et Jacinthe, pour votre posture de soutien et d’humilité qui m’inspire profondément.
À toute l’équipe de Spiralis, pour tous les détails tenus avec un maximum de soin et de considération pour tout le vivant.
À l’équipe de l’Ensemblitude, pour valser avec le groupe et nourrir la communauté, en subtilité.
À Miel et Justine, pour avoir pris soin de nos corps et de nos âmes avec des plats concoctés avec soin et amour.
À moi, pour m’être autorisée à être pleinement participante, à goûter à la qualité des espaces que nous créons, et à la puissance de la CNV.
Et aux 29 participant·e·s, pour avoir dit un grand OUI, et nous avoir fait confiance en vous lançant dans ce grand laboratoire, dans la conscience que rien n’est parfait, et que tout est parfait.

Reste maintenant à laisser infuser. À marcher dans la vie avec ce quelque chose de nouveau — à la fois fragile et puissant.

Dernier mot

On ne revient pas d’une retraite CNV. On repart dans sa vie… en l’ayant réécrite de l’intérieur.

À l’an prochain…

— Geneviève Bertrand
Directrice générale chez Spiralis

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  1. Cette phrase a été partagée oralement par Marshall Rosenberg lors de ses conférences, et reprise par plusieurs formateurs CNV comme un condensé de son message.

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