6 fausses croyances sur la parentalité bienveillante (CNV)

Par Marilou Ferland, le 4 février, 2025

1. Les parents bienveillants sont laxistes

Pourquoi c’est faux :
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, être un parent bienveillant ne veut pas dire laisser tout passer. En fait, les parents bienveillants essaient d’établir des règles claires et cohérentes, mais en veillant à ce que l’enfant puisse les comprendre et participer à leur mise en place.

Ce n’est ni une approche autoritaire, où les règles sont imposées sans explication, ni laxiste, où il n’y a pas de cadre du tout. C’est plutôt une manière de travailler ensemble, où l’on cherche à ce que l’enfant comprenne pourquoi il y a des règles, et où il se sent impliqué dans le processus.

Comment faire autrement avec la CNV :
La Communication NonViolente nous invite à expliquer le pourquoi (les besoins) des règles et à prendre en compte les sentiments de l’enfant. On garde une limite, mais on la pose avec respect et bienveillance.

Exemple :
« Je vois que tu veux encore jouer à la tablette, et je comprends que tu passes un bon moment. Mais chez nous, on a la règle de l’éteindre à 19h pour t’aider à te préparer à te détendre avant de dormir. Je sais que ce n’est pas facile de s’arrêter quand on est dans son truc. Est-ce qu’on pourrait trouver ensemble une petite solution pour que ça se passe mieux la prochaine fois ? »

2. Dans la parentalité bienveillante, les enfants sont toujours au centre de tout

Pourquoi c’est faux :
L’idée que la parentalité bienveillante place toujours les enfants au centre de tout, en mettant leurs besoins avant tout le reste, n’est pas tout à fait juste.

Les parents aussi ont des besoins, et c’est essentiel qu’ils prendre soin d’eux et qu’ils respectent leurs propres limites pour être bien et disponibles pour leurs enfants.

Une parentalité bienveillante, loin d’être une relation où l’enfant domine, cherche plutôt à considérer les besoins des parents et des enfants, de manière à ce que ceux-ci soient à la fois entendus et satisfaits. Oui, des fois, ça demande beaucoup de créativité et de flexibilité!

Comment faire autrement avec la CNV :
Avec la CNV, l’auto-empathie est au cœur de la gestion des besoins des parents. Les parents doivent être capables de reconnaître leurs propres sentiments et besoins, tout en les exprimant clairement et respectueusement. Ce n’est pas une approche égoïste, c’est simplement une manière de maintenir une relation équilibrée et saine.

Exemple :
Si tu te sens à bout et que ton enfant te sollicite en permanence, tu pourrais dire quelque chose comme :
« Je vois que tu as vraiment envie que je t’accompagne dans tes devoirs et j’ai envie de t’aider, et juste là, j’ai besoin d’un peu de temps pour moi. Je vais prendre une petite pause, puis je serai disponible pour t’aider. »

Ça montre à l’enfant que ses besoins sont importants, mais que les besoins des parents doivent aussi être considérés pour qu’ils puissent offrir un meilleur soutien.

3. Les parents bienveillants sont toujours calmes et patients

Pourquoi c’est faux :
Même les parents les plus bienveillants ont des moments où ils sont fatigués, stressés ou un peu à bout. La parentalité, c’est un travail de chaque jour, et il est normal de ne pas être toujours aussi calme qu’on le voudrait.

Ce qui compte, c’est de savoir reconnaître ses sentiments, de se donner de la bienveillance, et de réagir avec respect, même quand on est au bout du rouleau.

Comment faire autrement avec la CNV :
Encore une fois, l’auto-empathie est super importante. Prendre un moment pour reconnaître ses sentiments et les partager avec l’enfant montre que l’on est humain et que l’on apprend à gérer nos sentiments.

Exemple :
« Je me sens fatigué·e et énervé·e en ce moment, alors je vais prendre un petit moment pour me calmer. Après, on pourra en discuter ensemble. »

Bien sûr, les parents ne sont pas parfaits et il arrive que, malgré toute notre bonne volonté, les émotions prennent le dessus et que l’on s’emporte. Ce qui est important, c’est de faire un retour après s’être emporté, pour montrer à l’enfant que, même dans ces moments-là, on peut réparer et rétablir la connexion :

« Je suis désolée si j’ai réagi de façon un peu forte tout à l’heure. T’as pas dû aimer ça hein? Ce n’était pas mon intention, et je vais essayer de mieux gérer mes émotions la prochaine fois. »

4. La parentalité bienveillante n’est pas adaptée aux enfants « difficiles »

Pourquoi c’est faux :
Au contraire, la parentalité bienveillante est encore plus pertinente avec des enfants dits « difficiles ». Ces enfants ont souvent des besoins émotionnels qui demandent une attention particulière et une compréhension profonde. La parentalité bienveillante leur offre un cadre dans lequel leurs sentiments sont reconnus et validés, plutôt que jugés.

En cherchant à comprendre ce qui se cache derrière leur comportement, on évite d’aggraver les tensions et on aide à dénouer les conflits, au lieu de les renforcer. En effet, lorsque l’on répond aux besoins sous-jacents d’un enfant, on l’aide non seulement à se sentir compris, mais aussi à développer des stratégies plus adaptées pour exprimer ses sentiments.

Comment faire autrement avec la CNV :
L’approche de la CNV consiste à identifier le besoin sous-jacent à un comportement, surtout lorsqu’il est perçu comme « difficile », et à y répondre avec respect et empathie. Ça permet de créer un espace de compréhension et de dialogue, où l’enfant peut se sentir soutenu dans ses difficultés.

Exemple :
Ma fille refuse catégoriquement que son frère utilise son kit pour faire des bougies. Elle lui crie dessus, le traite de noms et se croise les bras (un signe clair qu’elle n’a pas du tout envie de collaborer).

Je pourrais lui dire qu’elle doit absolument partager son kit, lui expliquer que si elle veut que son frère partage ses affaires, elle doit faire de même (watch out la suite, si je choisi ça!) … Mais au lieu de ça, je choisis de comprendre ce qui se cache derrière son refus.

Je lui dis :
« Je vois que tu es fâchée parce que tu ne veux pas que ton frère touche à tes affaires. Je comprends que c’est important pour toi qu’on prenne soin de tes choses, et peut-être que tu n’as pas entièrement confiance en lui pour les préserver. Est-ce qu’on pourrait réfléchir ensemble à comment faire pour que ton frère puisse essayer ton kit tout en étant sûr qu’il en prenne soin ? »

Au lieu de réprimander ou de punir, cette approche nous permet de creuser ce qui se passe réellement. Elle lui offre l’opportunité de s’exprimer, de se sentir écoutée et de participer à la recherche d’une solution. Ça lui permet aussi de mieux comprendre et gérer ses émotions, et de développer des solutions plus constructives pour l’avenir.

5. La parentalité bienveillante, c’est ne jamais punir

Pourquoi c’est faux :
La parentalité bienveillante ne signifie pas qu’on supprime toutes les conséquences des actes, mais qu’on les met en place de manière réfléchie, logique et respectueuse. L’objectif n’est pas d’éliminer toute forme de conséquences, mais de s’assurer qu’elles sont compréhensibles et qu’elles permettent à l’enfant d’apprendre. Une conséquence peut aider l’enfant à comprendre pourquoi un comportement n’est pas toléré.

En fait, il ne s’agit pas de « faire payer » l’enfant, mais de lui permettre de comprendre les effets de ses actes, dans un cadre bienveillant. L’idée est de lui montrer que ses choix ont des répercussions naturelles et logiques, sans provoquer de confusion ou de ressentiment.

Ça l’aide à prendre conscience de ses actions et à mieux comprendre pourquoi certains comportements sont à éviter, pour grandir et faire des choix plus adaptés à l’avenir.

Comment faire autrement avec la CNV :
Au lieu de recourir à des punitions arbitraires, on peut appliquer une conséquence logique en expliquant pourquoi elle est nécessaire.

Exemple :
Mon fils a cassé des dalles de béton en jouant à frapper avec la massue dessus. À priori, je pourrais me dire qu’il a clairement fait exprès et qu’il mérite une punition. Le priver de télévision pendant une semaine ou quelque chose dans le genre. Mais, en y réfléchissant bien, je me demande si c’est vraiment la meilleure solution.

Est-ce que le priver de ses moments de détente va vraiment l’aider à comprendre la gravité de son geste ? Ou est-ce qu’il risquerait juste de se sentir frustré et incompris, sans véritablement apprendre de cette situation ?

Ce que j’ai choisi de faire, c’est de prendre un moment pour comprendre pourquoi il a agi ainsi. Peut-être qu’il voulait simplement explorer, ou tester la résistance des objets autour de lui. Il est en âge d’expérimenter et de tester ses limites, mais il n’a probablement pas pris en compte les conséquences de son action.

Je lui ai expliqué calmement pourquoi taper sur des dalles avec une massue n’était pas une bonne idée : non seulement ça peut casser des choses, mais ça peut aussi être dangereux.
Ensuite, j’ai décidé qu’il allait participer à la solution.

Plutôt que de lui imposer une punition qui pourrait lui sembler injuste, je lui ai proposé de m’accompagner pour acheter de nouvelles dalles de béton et de m’aider à les changer. C’était une façon de l’impliquer dans le processus de réparation, de lui faire comprendre les conséquences concrètes de ses actes. Nous avons pris le temps de choisir les dalles ensemble, de discuter de la manière de les poser correctement et de les installer.

Ça lui a permis de comprendre que, lorsqu’on fait une erreur, ce n’est pas la fin du monde. Au contraire, il peut y avoir des solutions et des opportunités d’apprentissage. En étant responsable et en contribuant à résoudre le problème, il a non seulement compris la conséquence directe de son action, mais il a aussi appris que réparer était parfois le plus important.

6. La parentalité bienveillante signifie qu’il n’y aura plus jamais de conflit

Pourquoi c’est faux :
Beaucoup de gens pensent que la parentalité bienveillante, c’est l’idée d’une famille parfaite où tout le monde est toujours heureux et où il n’y a jamais de disputes.

En réalité, ce n’est pas du tout ça. Les conflits font partie de la vie, même dans les familles les plus bienveillantes. La parentalité bienveillante ne cherche pas à supprimer les conflits, mais à les gérer de manière plus calme et plus respectueuse.

Ce qui compte, c’est comment on gère les désaccords quand ils arrivent. L’objectif n’est pas d’éviter les conflits à tout prix, mais de savoir comment les affronter sereinement, en considérant les besoins de chacun.

Comment faire autrement avec la CNV :
Les conflits ne sont pas là pour nous diviser, mais pour nous permettre de mieux nous comprendre et de chercher des solutions qui tiennent compte des besoins de chacun.

Exemple :
 » Je vois que tu es contrarié·e parce que nous n’avons pas la même opinion, et je comprends que ça puisse être frustrant. J’aimerais vraiment comprendre ce qui te dérange, et on pourra discuter pour trouver une solution qui convienne à tout le monde. »

L’idée ici est de transformer le conflit en un moment d’échange, de compréhension et de respect, et non de le fuir ou de le laisser dégénérer en une dispute de qui a tort qui a raison.

— Marilou Ferland
Co-formatrice du programme de parentalité consciente et bienveillante chez Spiralis

➡️ Le programme de parentalité consciente et bienveillante débutera le 22 mars 2025.

Vous avez aimé cet article? Voici quelques formations qui sont en lien!

L'infolettre la plus bienveillante en ville!

Une dose hebdomadaire de Communication NonViolente (CNV) vivante et concrète, directement dans votre boîte de réception. Inscrivez votre adresse courriel pour vous abonner.

Programme d'immersion en Dialogue Authentique au travail

Sélectionnez votre prix

Programme d'immersion en Dialogue Authentique au travail

Veuillez sélectionner la date pour chacun des modules.

*Attention de ne pas sélectionner 2 modules à la même date
**Nous recommandons de laisser au moins 4 semaines entre chaque module

Programme d'immersion en Dialogue Authentique

Sélectionnez votre prix

Programme d'immersion en Dialogue Authentique

Veuillez sélectionner la date pour chacun des modules.

*Attention de ne pas sélectionner 2 modules à la même date
**Nous recommandons de laisser au moins 4 semaines entre chaque module