5 erreurs courantes quand on commence à appliquer la CNV à notre parentalité

Lorsqu’on découvre la Communication NonViolente (CNV), on peut être attiré·e par l’idée d’instaurer une relation plus authentique et bienveillante avec nos enfants. Pourtant, mettre ces principes en pratique au quotidien n’est pas toujours simple. Il est facile de tomber dans certains pièges, souvent guidés par notre envie de bien faire.
Dans cet article, nous explorons cinq erreurs courantes qui peuvent survenir lorsque les parents commencent à appliquer la CNV avec leurs enfants – et comment les éviter pour cultiver des relations plus harmonieuses.
Erreur no.1 : Répondre à toutes leurs demandes de confort, même lorsque cela ne répond pas à un besoin réel.
Quand un enfant se plaint ou demande quelque chose, cela peut être davantage lié à une préférence (par exemple : « J’ai besoin de me reposer ! » au moment de ranger sa chambre) qu’à un besoin réel (comme « J’ai besoin de soutien pour m’organiser dans la tâche. »).
Le parent peut être tenté de répondre à toutes ces demandes pour éviter que l’enfant ressente du malaise ou de l’inconfort. Pourtant, il est essentiel de distinguer une envie passagère d’un besoin fondamental. Cela permet de ne pas confondre ce qui est réellement essentiel pour l’enfant et ce qui relève d’un inconfort temporaire qu’il peut parfois traverser pour grandir.
Erreur no.2 : Prendre l’entière responsabilité des émotions et des besoins des enfants, même au détriment de vos propres besoins.
En tant que parents, nous avons un profond désir de voir nos enfants heureux et épanouis. Toutefois, il est important de comprendre que nous ne sommes pas totalement responsables de leurs émotions. Oui, il est essentiel de les accompagner dans la gestion de leurs émotions, mais cela ne signifie pas que leurs besoins et leurs ressentis doivent toujours passer avant les nôtres.
Vos propres émotions et besoins sont tout aussi légitimes et doivent être pris en compte pour préserver votre bien-être. En cherchant à satisfaire les besoins des deux parties sans vous sacrifier constamment, vous offrez à votre enfant un modèle sain d’intelligence émotionnelle et de respect mutuel. Il apprendra ainsi à concilier ses besoins avec ceux des autres.
Erreur no.3 : Insister pour connecter avec eux, même quand ils ne sont pas disponibles.
Parfois, nos enfants ne sont tout simplement pas prêts à parler, et c’est tout à fait normal. Ils ont besoin de silence ou d’un temps pour eux sans devoir forcément expliquer ce qu’ils ressentent. Si l’on insiste pour qu’ils partagent leurs sentiments alors qu’ils ne sont pas ouverts à cela, on risque non seulement de les surcharger émotionnellement, mais aussi de créer de l’irritation et du rejet.
En respectant leur rythme et leur besoin d’espace, on leur permet de revenir vers nous quand ils se sentent prêts, ce qui favorise une communication plus apaisée et respectueuse.
Erreur no.4 : Faire de la morale sous couvert de CNV.
Quand on commence à pratiquer la CNV, on peut facilement tomber dans le piège d’en faire un outil de correction morale sans s’en rendre compte. Par exemple, dire « Ce n’est pas très empathique de dire ça à ta sœur. » peut partir d’une bonne intention, mais cela risque d’être perçu comme une leçon de morale.
Au lieu de juger ou de corriger l’enfant, il est plus bénéfique de chercher à comprendre ce qui se passe pour lui lorsqu’il parle ainsi. Peut-être ressent-il de la frustration, de la colère ou n’a-t-il pas encore d’autres moyens d’exprimer ses émotions. La CNV vise à explorer ses ressentis et ses besoins sous-jacents, sans juger ni corriger, afin de créer une vraie connexion où il se sent écouté et respecté.
Erreur no.5 : Transformer les reflets empathiques en outil éducatif.
La CNV encourage à faire des reflets empathiques (répéter ce que l’enfant exprime pour montrer qu’on l’a bien compris). Cependant, il est essentiel de ne pas en faire un outil d’analyse ou d’éducation cachée.
Avant de faire un reflet, posez-vous la question : Est-ce que je cherche sincèrement à comprendre ce que mon enfant ressent, ou est-ce que j’essaie de lui enseigner quelque chose ?
Un reflet sincère est un puissant outil de connexion. Mais si on l’utilise pour orienter ou corriger, il risque d’être perçu comme une tentative de manipulation plutôt que comme une véritable écoute. Par exemple, dire « Ouais, t’es en colère parce que t’as pas eu ce que tu voulais, hein ? » peut sonner comme une critique plutôt qu’une tentative de compréhension.
Conclusion
Appliquer la CNV dans sa parentalité est un processus d’apprentissage, et il est tout à fait normal de faire ces erreurs en chemin. Vouloir bien faire pour nos enfants est naturel, et peut nous mener à adopter des réflexes qui ne correspondent pas toujours à l’intention de connexion que nous souhaitons cultiver.
Plutôt que de nous juger lorsque nous nous surprenons à tomber dans ces pièges, prenons un instant pour respirer et reconnaître nos intentions. Chaque petite prise de conscience est une opportunité de grandir et d’ajuster notre manière d’accompagner nos enfants. En nous offrant la même douceur et la même compréhension que nous souhaitons leur transmettre, nous créons un climat familial sécuritaire où l’apprentissage et l’imperfection ont toute leur place.
— Marilou Ferland
Coformatrice du programme de parentalité consciente et bienveillante chez Spiralis
