3 mouvements pour apprivoiser le feedback

Un des moments les plus révélateurs de mon exploration du feedback avec les lunettes de la Communication NonViolente (CNV), c’est quand on me l’a décortiqué en trois mouvements simples :
👉 Encourager le feedback
👉 Recevoir le feedback
👉 Offrir du feedback
Rien que de voir les choses ainsi a changé ma façon de les aborder. Soudain, j’avais un repère. Chaque fois que le feedback entrait en jeu, je pouvais me demander : Dans quel mouvement suis-je? Quelle posture adopter? Quels outils utiliser?
Deux ans plus tard, après avoir investi le feedback comme priorité dans mon développement professionnel, je peux dire que j’ai appris à l’encourager, que je progresse dans ma capacité à le recevoir avec ouverture… et que je continue d’évoluer dans l’art de l’offrir avec clarté, bienveillance et confiance.
Le feedback n’est maintenant plus un bloc intimidant : il est devenu pour moi une démarche en trois étapes, claires et accessibles. Je vous les présente dans l’ordre : du plus facile à apprivoiser 🌶️ au plus exigeant à maîtriser. 🌶️ 🌶️ 🌶️
1. Encourager le feedback 🌶️
C’est le point de départ. Avant même de parler d’en donner ou d’en recevoir, il faut d’abord créer un climat où le feedback est bienvenu.
L’avantage de l’encourager, c’est qu’on sait qu’il vient en notre direction : on est déjà plus en mesure d’adopter une posture d’ouverture. On est « paré ».
Encourager le feedback, c’est montrer l’exemple, vivre en cohérence avec nos valeurs et prendre la responsabilité de notre propre besoin de rétroaction (voir la liste des besoins en CNV).
Mais attention : cela demande du courage. Pas seulement pour soi, mais aussi pour l’autre.
- Pour soi, parce que demander du feedback, c’est inviter l’autre à partager aussi ses insatisfactions. Cela nourrit mon besoin de vérité et de contribution : je veux savoir si mes mots, mes gestes, mon travail ont l’impact que j’espère. Quand j’ai la crainte que ce que j’ai envoyé ne soit pas à la hauteur, demander un retour sincère me permet de valider, de clarifier et de m’ajuster.
- Pour l’autre, parce que répondre sincèrement, ce n’est pas toujours confortable. Donner du feedback, c’est prendre le risque de déplaire, d’ouvrir une discussion plus exigeante, plutôt que de rester poli·e et dire « tout est beau ». C’est pourquoi il est essentiel de donner beaucoup de sens à sa demande : l’autre doit comprendre à quel point sa sincérité a de la valeur.
👉 Exemple concret avec la démarche OSBD (Observation, Sentiment, Besoin, Demande) :
- Observation : « Je t’ai fait parvenir le texte que tu m’avais demandé. »
- Sentiment : « Je me sens curieuse et un peu nerveuse. »
- Besoin : « Parce que j’ai besoin de vérité et de contribution — de savoir si mon travail a l’impact que je souhaite. »
- Demande : « Serais-tu d’accord pour me partager ce que tu as apprécié et ce que tu as moins aimé, même si certaines choses pourraient me déplaire? »
Cette façon de formuler permet de rendre le feedback invitant, d’expliquer clairement pourquoi il est précieux, et de montrer qu’on est prêt·e à accueillir autant les aspects positifs que ceux qui piquent un peu.
Depuis cette formation, j’ai commencé à formuler mes demandes de feedback de cette façon.
Résultat : plus de vérité, plus de confiance dans mes relations de travail, et une qualité de lien qui s’approfondit.
2. Recevoir le feedback 🌶️🌶️
Encourager le feedback, c’est une chose. Mais que se passe-t-il quand il arrive vers nous?
Souvent, notre premier réflexe est de nous braquer, de nous justifier, ou de nous fermer. Pourtant, recevoir du feedback, c’est avant tout une posture d’ouverture. Et la CNV nous offre des outils précieux pour y parvenir.
L’un d’eux est de reformuler ce qu’on entend pour ramener le message au langage des besoins. Cette pratique permet d’apaiser le ton, de clarifier ce qui se joue et de redonner à la conversation une direction constructive.
👉 Exemple : si je reçois ce feedback abrupt :
« C’était tout croche ton texte et pas du tout ce que je t’avais demandé. »
Je pourrais enchaîner ainsi:
« Est-ce que je comprends que le texte que tu as reçu était loin de tes attentes et que tu aurais aimé plus de clarté et de fluidité, avec un contenu différent? »
Cette reformulation ne cherche pas à se défendre. Elle vérifie plutôt la compréhension et traduit le message en termes de besoins (ici : clarté, fluidité, adéquation avec les attentes). Souvent, ce simple geste peut contribuer à ramener l’échange sur un ton plus constructif.
Évidemment, il arrive que, même après plusieurs reformulations, la personne continue à s’exprimer dans un langage accusateur ou désagréable. Dans ces cas, il est tout à fait possible — et même sain — de poser une limite et choisir de se retirer de la conversation pour éviter l’escalade et prendre soin de ses propres besoins de respect, de douceur et de bienveillance.
Recevoir le feedback, c’est donc naviguer entre ouverture et protection de soi : rester curieux·se tant que c’est possible, et savoir dire stop quand la relation ou le climat en a besoin.
La CNV nous rappelle que chaque feedback, même maladroit, peut devenir une porte vers plus de compréhension mutuelle. Encore faut-il choisir de rester relié·e au cœur plutôt qu’aux jugements.
3. Offrir du feedback 🌶️🌶️ 🌶️
C’est sans doute le mouvement le plus délicat.
Et aussi celui auquel on pense spontanément quand on entend « feedback ».
Offrir du feedback n’est pas simplement « dire ce qu’on pense ». C’est tout un art. La CNV nous invite à utiliser la démarche OSBD — Observation, Sentiment, Besoin, Demande — et dans ce contexte, chaque mot compte. L’observation neutre, par exemple, est d’une importance capitale. Combien de fois croyons-nous observer, alors que nous exagérons, interprétons, ou même flattons?
Et rappelons-le : le feedback n’est pas toujours « correctif ». Il peut aussi être appréciatif. La gratitude fait pleinement partie de ce mouvement, et son impact peut être tout aussi puissant.
🏆 Les règles d’or pour offrir un feedback constructif
- Préparer le terrain
Créez des conditions favorables : prenez rendez-vous, choisissez un moment calme (en personne si possible), laissez assez de temps et soyez clair·e sur votre intention.
Exemple :
« J’aimerais revenir sur le texte que tu m’as fait parvenir la semaine dernière. Il était différent de ce à quoi je m’attendais et je souhaite t’en parler afin qu’on puisse améliorer notre collaboration et amener plus de fluidité la prochaine fois. Est-ce un bon moment? » - Commencer par des observations neutres et claires
Dès le début, décrivez les faits tels qu’ils sont observables. Les jugements, exagérations, blâmes ou critiques ferment la porte à la connexion et déclenchent souvent une posture défensive. - Exprimer le besoin
Reliez votre réaction à ce qui compte vraiment pour vous. C’est le cœur du message. Est-ce un besoin de soutien qui n’est pas comblé? Ou peut-être de clarté, de simplicité? - Formuler une demande claire et concrète
Plusieurs options s’offrent à vous lorsque vous atteignez cette dernière étape. Assurez-vous simplement de ne pas oublier de formuler une demande pour alimenter le dialogue et créer du lien.
- Demande de collaboration :
« Serais-tu d’accord pour vérifier auprès de moi une première ébauche la prochaine fois, une journée avant la date de tombée, afin de voir si tu es sur le bon chemin? » - Demande de connexion :
« Qu’est-ce que ça te fait de m’entendre? » - Demande de reformulation :
« J’ai à cœur d’être clair et bien compris·e. Peux-tu me redire ce que tu as compris, dans tes mots? »
- Demande de collaboration :
Offrir du feedback, c’est adopter la posture qu’on aimerait recevoir soi-même.
C’est un acte de courage, mais aussi un geste d’amour et de responsabilité. Plus nous incarnons la bienveillance et la clarté dans notre façon de donner du feedback, plus nous inspirons notre entourage à en faire autant.
Le feedback, ça s’apprend
Depuis que j’ai intégré ces trois mouvements dans ma pratique, ma relation au feedback s’est métamorphosée. Moins de peur, plus de vérité. Moins de tensions, plus de confiance. Et surtout, beaucoup de découverte et d’évolution.
Le feedback, vu à travers la CNV, n’est pas un moment redouté. C’est un outil de croissance, de collaboration et de motivation.
✨ C’est exactement ce que nous explorons dans notre atelier Maîtrisez l’art du feedback constructif : un espace d’une journée pour pratiquer, expérimenter et découvrir la puissance de ces trois mouvements, dans un climat de sécurité et de confiance.
👉 Et si vous veniez explorer avec nous comment transformer le feedback en un véritable levier de collaboration et de vérité dans vos relations de travail?
— Geneviève Bertrand
Directrice générale chez Spiralis

